dix-huit mois de recherche-action au sein d’une résidence sociale, artistique et temporaire à Strasbourg

11 ¦ 2019
Hospitalités

L'édito du poète

11 ¦ 2019 · Hospitalités L'Odylus, un lieu d'accueil ?
En questionnement La question de la mentalité et de la posture émotionnelle
Illustration Odylusien·ne·s réuni·e·s pour visionner les films «Super-héros» – Cour de l’Odylus, juillet 2019
Auteur·e·s Anastasiia, volontaire en service civique, présente à l’Odylus d’avril à novembre 2019

↘ Je voulais écrire un bel édito, tout poétique, avec plein de métaphores qui compareraient l’Odylus avec un bateau, ou un pays mystérieux, ou autre chose. Mais quand j’ai commencé j’ai compris que je n’étais pas capable d’exprimer tout ce qui se passe ici, je ne trouvais pas d’image précise pour ce lieu. Pas avec des mots en tout cas.

Alors j’ai décidé de tout simplement raconter mon histoire ici, à Odylus, une histoire bientôt terminée.

Je suis arrivée à l’Odylus il y a huit mois, le 1er avril 2019 en tant que service civique dans le collectif Horizome. À ce moment-là, l’Odylus était vide. Il n’y avait rien. Sauf les murs jaunes. La première chose, que j’ai faite ici, c’était de la peinture. À 9h du matin, avant le travail, on peignait les murs avec Thomas. Les murs jaunes devenaient blancs dans des pièces complètement vides. Je n’ai jamais aimé les murs blancs. C’est beaucoup trop impersonnel, comme s’il n’y avait pas d’histoire. Nada. (Bon, ça me fait penser à l’asile psychiatrique aussi).

Tout devait recommencer. La clinique Sainte-Odile n’existait plus, l’Odylus était en train de naître. Au fur et à mesure ces espaces vides se remplissaient de chaises, de bureaux, d’étagères… Et de gens.

Au début ces gens étaient comme les murs blancs : on se disait bonjour et au revoir, on était poli, mais nos rencontres étaient vides. Peu à peu a commencé à se connaître et ces rencontres ont pris de la couleur. Les résidents ont commencé à descendre pour boire un café avec nous, discuter de tout et rien, partager leur histoire. Pas tous. Quelques-uns.

Je ne saurai pas dire ce que c’est exactement, l’Odylus. Oui, ce sont des logements d’urgence gérés par deux associations, etc, etc, etc. Mais il y a plus. Et je ne saurai pas définir ce plus.

Ce lieu est fou. Tout ce qui se passe ici est improbable : des gens tellement différents qui mangent ensemble, d’autres qui lavent des coquilles de moules dans le lavabo, des enfants qui veulent être de tous les événements…

Je crois que j’ai éprouvé ici toutes les émotions possible – de la joie jusqu’à la colère. J’ai rencontré des gens incroyables qui sont devenus mes amis, que j’aime très fort. J’ai beaucoup grandi grâce l’Odylus. J’ai appris à faire plein de choses que je ne savais pas faire avant. Maintenant je sais utiliser des scies différentes et ce n’est pas n’importe quoi !

Mon voyage à l’Odylus est terminé. Je change de bateau, je tourne la page, je commence un nouveau chapitre et encore 3 000 manières de dire que je passe à autre chose.

Dans la langue russe, il y a une expression : « L’été c’est une petite vie ». L’Odylus était pour moi une petite vie, pleine d’amour, d’émotions et d’expériences.

Merci à tous pour ce voyage,

Je vous aime,

À bientôt,

Ana ↙